De ses popres mains Pierre Rabhi a transmis la vie au sable du désert

De ses popres mains
Pierre Rabhi a transmis la vie
au sable du désert
 

«  Quand je vois la profusion de la nature, tout ce qui nous est donné, je me dis que personne sur terre ne devrait souffrir de la faim. Rendez-vous compte : vous mettez un grain de blé dans la terre et, si tout va bien, il vous donne trente cinq épis. À raison de cinquante grains par épi, cela vous fait un minimum de mille cinq cent grains.
C’est extraordinaire. Tout nous est donné. Une graine de tomate, qui est à peine visible, donne un plant et, selon les variétés, cinq ou six cents grains.Et c’est comme ça pour tout, à condition, bien sur, de ne pas faire d’hybride. » 

Pierre Rabhi, Le chant de la Terre.                

"Le colibri de Pierre Rabhi"
Dessin hommage réalisé à Brive, plume, encre de chine direct et crayons de couleurs
35 x 35 cm - 400 euros
« Au Viel Audon » - 40 x 23 cm - plume et gouaches - 150 euros

J'avais seize, dix sept ans, à l'occasion d'un « chantier de jeunesse » où l’adolescente que j’étais rêvait plus de romantiques flirts avec les Jésus Christ musclés de l’époque que de plans fumette et communautés baba cool, vu que, déjà tombée dans le dessin,  j’avais ma petite idée de vie qui m’évitait de trainer des heures en clopant :
« Où elle est Catherine ? Catherine elle est partie dessiner les vaches… Ah, bon. »

Au Viel Audon*, on m'appelait Peinture. Tout y était : on filait la laine, on cuisait le pain, on jouait des cuillères comme Steve Waring* et Malicorne n'était pas loin. Mais… on faisait aussi du béton, et ça c’était nettement plus intéressant, j’ai même posé des tuiles, en les raccourcissant  avec deux coups secs de truelle en haut de chaque coté, pour la bordure, ce qui fait qu’en dessinant plus tard, les toits et les échafaudages du monde entier, je savais comment c’était fait. «Satisfaction !»
Enchantée, j’y retournais plusieurs fois et quand Pierre Rabhi, du hameau d’à coté,  cherchait des stagiaires pour la fabrication de ses fromages de chêvre, c’est tout naturellement que Béatrice et Gérard*, les précurseurs du village alternatif me proposèrent, ainsi qu’à Jean-Luc, le joueur de bandjo, de relever le défi : nous partîmes à Lablachère... C’était en septembre, en Ardèche, je gardais le troupeau dans la campagne environnant la ferme.

« Les chèvres » - Plume, encre, gouache - 45 x 39 cm - Collection personnelle
 
Que c'est joli une petite chèvre ! Elles sont coquines et grimpent partout... il faut être vigilante, parfois les enfants venaient m’aider pour le retour. Je me souviens très bien de ces heures exaltées et joyeuses au milieu des bois, seule avec les biquettes, pour un peu j’aurais pu entendre des voix, telle Jeanne d’Arc, mais à l’époque c’était pas mon truc : je me tricotais des gants multicolores.
Alors évidemment on les trayait,  puis on faisait le fromage et le samedi on allait le vendre au marché, faut vous dire qu’il était bon ce fromage, un délice. Le soir Michelle rangeait pour la journée du lendemain et Pierre jouait du violon, j’ai eu beaucoup de chance de vivre cette expérience toute simple et tellement authentique. 

 
« La veillée », Pierre Rabhi  au violon, Michelle sa femme,  Jean-Luc qui lit, les enfants et ma main
sur la feuille du dessin en cours - 40 x 30 cm  - Plume, encre, gouaches - 200 euros



Je vous présente les personnages de cet aréopage survolé par l’oiseau minuscule et magique :  bouts de bois de ma plage d’Espagne, à ses cotés petite racine de vigne  découverte dans la poussière des chemins derrière la montagne catalane, glands et noisettes sauvages du bois au bout de l’avenue, à Brive, entourées de minuscules graines dont je ne sais pas d’où elles sont sorties parmi tous ces trésors…

Papillon ayant succombé à qui je voulais dire merci, mini pommes du grand pin sous lequel je passe avec reconnaissance toutes les quarante huit heures, non sans lui faire part de mes doutes existentiels, pour le garder un peu chez moi, colibri décoratif en papier maché, acheté à Cuernavaca, Estado de Morelos, Mexique.

Au centre, énorme graine des arbres des rues pavées de Lisbonne, cerf volant espagnol, dépouillé par les mini fourmis, graines d’eucalyptus espagnoles, gousse de la glycine de la maison de mes parents, libellule* trouvée intacte en cadeau dans une toile d’araignée de l’escalier en colimaçon du château de Noaïlles avec Jean-Pierre le régisseur, le jour de mon premier anniversaire à Brive, gardée longtemps intacte et parfaite pour la dessiner… mais découverte avant de le faire dans le fond de l’étagère, par la petite chatte Missy… donc bousillée…

Diverses plumes offertes par la magie des chemins et de l’observation…  Petit bourdon laborieux si mignon auquel je rend hommage, coquillages minuscules, pince de crabe de ma plage, feuilles sèches aux formes parfaites que je ne donnerais pas pour tout l’art « moderne » boursouflé et ses millions de dollars d’habits de l’empereur.

Tous ces trésors précieux, parfaits, émouvants… comme disait Elizabeth Vigié-Lebrun : « Rien n’est petit, rien n’est indifférent. » Tout parle… écoutons… remercions pour tant de merveilles humbles et offertes…

En octobre je rentrai aux Arts Décos à Paris. Emportée par la rue d’Ulm et ses cours, tenez vous bien,  d’« Appréhension  de l’espace vécu » si si si (que je passais plus volontiers à l’atelier bois jusqu’à pas d’heure, à faire au tour des pieds de meubles avec des ciseaux à bois… ce qui m’effrayerait totalement aujourd’hui, si les parents savaient...!!!).

J'oubliai le Viel Audon. Deux ans plus tard, Béatrice Barras est venue me trouver, tout en haut d’un immeuble de la rue Garancière,  dans ma chambre de bonne avec wc sur le palier mais… donnant sur les tours de Saint-Sulpice (où fut tourné l’excellent « Les femmes du cinquième étage »). Ils voulaient faire des cartes postales avec mes dessins. Naturellement j’acceptais : mes premières cartes postales !!!

Puis je suis partie au Mexique, au Brésil, en Italie… Bien des années après j’ai vu Pierre Rabhi en couverture d’un de ses livres, il avait toujours les mêmes pulls, que lui tricotait Michelle, je devais aller les revoir… une idée de bande dessinée sur les hérissons… Merci pour tout ce que j’ai appris chez vous et que je n’oublierai jamais.


 Catherine Dubreuil         
 

« Béatrice et Gérard au Viel Audon » - Plume et gouaches - 35 x 25 cm - 120 euros
« La bétonneuse » et « Travaux», cartes postales du Viel Audon - 10 x 15 cm
 
Yehudi Menuhin : « De ses propres mains Pierre Rabhi a transmis la vie au sable du désert, car la vie est UNE, et la féconde transformation bactérienne rend au sable lui-même le don de pouvoir renouveler les espèces. Cet homme très simplement saint, d’un esprit net et clair, dont la beauté poétique du langage révèle une ardente passion, cet homme a fécondé des terres poussiéreuses avec sa sueur,  par un travail qui rétablit la chaîne de vie que nous interrompons continuellement. »
Préface de Parole de terre, un livre dans lequel Pierre Rabhi raconte comme un roman son itinéraire africain. Éditions Albin Michel, 1996.

 
La France que j'aime* : on a encore le droit d’être intelligent , mais si mais si…
des restaurateurs ont appliqué la loi à la lettre.
Textes, dessins, photos © Catherine Dubreuil - SAIF
 
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